Seif Kousmate

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Maroc

Ancien ingénieur et photographe autodidacte, Seif Kousmate développe un vocabulaire visuel qui se situe entre la photographie documentaire et une esthétique plus poétique. 
Depuis 2016, Seif Kousmate a exploré différents sujets en Afrique : la migration, la jeunesse, l’esclavage. Il s’est concentré pendant trois ans sur l’immigration des subsahariens à la frontière terrestre entre le Maroc et l’Europe, plus précisément sur le Mont Gourougou où il a passé plusieurs semaines en immersion. Il s’est également penché sur la problématique de l’esclavage traditionnel en Mauritanie et sur la jeunesse rwandaise en 2018 et 2019. Depuis 2019 Seif Kousmate travaille sur son projet Waha qui saisit les conséquences du changement climatique et de la mondialisation sur l'écosystème des oasis au Maroc.
Explorateur au National Geographic depuis 2018, Seif Kousmate a été sélectionné dans le cadre du 6X6 Global Talent Program par World Press Photo en 2020 et est lauréat de la Fondation Magnum et du Prince Claus. Il fait partie des Foam Talents of 2022 et son projet Waha a été sélectionné pour le Prix Découverte des Rencontres d'Arles cette année. Son travail a été exposé en Europe et en Afrique ; il a également été publié dans des magazines et journaux internationaux tels que The New York Times, Newsweek, Libération, The Guardian, El País et Neue Zurcher Zeitung.

Site internet de l'artiste

prix pour la photographie 2022

L'existence des oasis a toujours été un concept très mystique et presque magique, même si j'ai grandi dans un pays qui en compte beaucoup. J'ai toujours été curieux de connaître leur existence. C'est en démystifiant l’aspect "miraculeux" de ces territoires que j'ai eu envie de mieux comprendre ce qui se passe actuellement dans les oasis, alors qu'elles en pleine transition et subissent un déséquilibre.
Derrière les mythes et les représentations orientalistes se cachent des systèmes, des cultures, des innovations et l'ingéniosité humaine de nos ancêtres. Leur lien fort et profond avec la terre et la nature leur a permis de créer ces écosystèmes. Si nous, les humains, n'avons pas créé les oasis, nous avons joué un rôle majeur dans l'origine et le développement de ces écosystèmes à plusieurs égards. Nous avons réussi à maintenir un équilibre délicat et fragile entre l'eau, la flore, le sol et le climat dans cet environnement hostile qu'est le désert. Préservant ainsi pendant des siècles un grand témoignage et une grande partie de l'histoire de ces territoires.

S.Kousmate

Avec la série Waha واحة (oasis en arabe) Seif Kousmate tente de comprendre la relation complexe entre l'homme et son environnement. Dans ses images, l'oasis nous plonge dans un écosystème simplifié de ce qui se passe à grande échelle, nous rappelant que nous, les humains, sommes capables de construire des écosystèmes entiers mais aussi de les détruire en un clin d'œil.
En documentant et en couvrant de manière intime la vie des communautés locales dans l'écosystème des oasis d'Afrique du Nord, l'artiste entends faire écho à leur désespoir face aux difficultés environnementales et économiques qui mettent en péril leurs terres, leurs moyens de subsistance et leur patrimoine - notre patrimoine. Grâce au pouvoir de la narration visuelle, il souhaite faire la lumière sur la détérioration rapide de ces écosystèmes et contribuer aux efforts de sauvegarde de ces environnements uniques.

Mais comment ne pas tomber dans l'image orientaliste et édénique de l'oasis ? Comment reproduire par l'image la réalité de la dégradation des oasis ?
Afin d'ancrer sa démarche artistique aux habitants et à leur environnement, il développe un langage visuel puissant et original mêlant ainsi à ses photographies des éléments organiques collectés sur le lieu de prise de vue (des dattes sèches, des peaux mortes de palmiers, du sol...). Il recourt également à l’acide pour exprimer les effets de la pollution par des activités industrielles. Ainsi, fond et forme, sujet et matière se fondent dans un questionnement de la représentation. Poésie et engagement oscillent, tant dans la pratique du photographe qu’à la surface des images où prend forme le récit des enjeux écologiques, économiques et sociaux des oasis aujourd’hui.

Seif Kousmate a débuté le projet en novembre 2019 et a pu effectuer six voyages entre 2020 et 2022. Grâce au Prix, il a poursuivi son travail en se concentrant sur l'une des zones les plus peuplées du pays : la région entre Tinghir, Zagora et Errachidia, dans le sud-est du Maroc.

Lieu du projet : Oasis de la région de Tinghir, Zagora et Errachidia au Maroc

 

 

Waha

Un paysage dans le "Ksar Takhyamt" abandonné. Aoufous, vallée de la Ziz 2023